Play to Grow
RUMO est un jeu global pour les jeunes adultes qui souhaitent se développer personnellement. Cinq équipes issues de cinq pays ont été sélectionnées pour prendre part au projet en 2020. Si certaines questions devaient être résolues individuellement, d’autres étaient censées être discutées dans le cadre de réunions de groupes locales et de séances de réflexion transfrontalières en ligne. En raison des mesures visant à endiguer le coronavirus, les rencontres physiques n’ont pas pu avoir lieu. Voilà pourquoi l’organisation NOW, qui a imaginé ce jeu, a décidé d’adapter les règles.
Nous sommes toutefois satisfaits du compromis que nous avons pu mettre en œuvre.
Rahel Aschwanden, de NOW, s’est exprimée sur l’état actuel de RUMO. «Nous avons lancé le programme à la mi-mars, mais les premier-ère-s participant-e-s étaient déjà en quarantaine deux jours plus tard. Les autres équipes ont connu le même sort les unes après les autres. Nous avons rapidement compris que l’échange ne pourrait pas être organisé comme modèle hybride hors ligne et en ligne, mais uniquement sous forme d’interactions virtuelles. Cela a exigé des adaptations continues», explique Rahel Aschwanden. «Nous sommes toutefois satisfaits du compromis que nous avons pu mettre en œuvre.»
Un jeu censé permettre aux jeunes adultes de se développer et d’échanger entre eux peut-il fonctionner sans échanges réels? Un défi posé par la propagation du virus et que NOW a relevé avec brio.
Voyage numérique au fond de soi-même
Les participant-e-s âgé-e-s entre 18 et 25 ans, originaires du Kenya, de Palestine, d’Espagne, du Brésil et de Suisse, ont ainsi pu découvrir en ligne où résident leurs points forts. Ils ont mis en pratique les acquis en échangeant avec d’autres participant-e-s au jeu, moyennant des visioconférences et des plateformes en ligne.
Chaque semaine, les joueur-se-s ont dû effectuer des activités et des exercices individuels ainsi qu’une épreuve de groupe avec leur équipe locale. Au cours de ce voyage numérique de quatre semaines, les joueur-se-s ont été soutenu-e-s par des «facilitateur-rice-s», soit des médiateur-rice-s d’apprentissage, dans le cadre de séances de réflexion en ligne. Les expert-e-s locaux-les, qui se sont joint-e-s aux séances ponctuellement, leur ont également prodigué de précieux conseils.
J’ai vraiment été positivement surprise par l’engagement des facilitateur-rice-s. Ils-elles ont toujours été parfaitement à l’écoute des participant-e-s, en ligne également.
Le soutien en ligne par les facilitateur-rice-s a très bien fonctionné. Wendy Trindade, une participante brésilienne, le corrobore: «J’ai vraiment été positivement surprise par l’engagement des facilitateur-rice-s. Ils-elles ont toujours été parfaitement à l’écoute des participant-e-s, en ligne également.»
Décalage des compétences
RUMO se fonde sur cinq piliers. «Connection», «balance», «resilience», «growth» et «purpose». Ces cinq piliers mettent également l’accent sur d’autres termes comme l’encouragement de l’empathie, l’assurance, l’opiniâtreté et la flexibilité. Dans la situation actuelle, la flexibilité prend toute sa signification.
La nouvelle réalité à laquelle nous faisons face a incité bon nombre de participant-e-s à repenser la priorisation de leurs compétences clés. Les jeunes adultes se sont ainsi adaptés aux nouvelles conditions. Dans les faits, il s’agissait maintenant de relever d’autres défis que ceux posés avant le coronavirus. «La résilience a gagné en importance alors que d’autres valeurs sont passées à l’arrière-plan. C’est ainsi qu’a été soulevée la question de l’isolement. L’auto-évaluation au début et à la fin ainsi que l’évaluation tierce par les facilitateur-rice-s ont été d’un grand soutien en ce qui concerne cette question et d’autres», souligne Rahel Aschwanden.
Les compétences découlant du pilier «balance» ont également pris de l’importance, notamment l’autogestion, l’opiniâtreté et la capacité à fixer des limites. Autant de compétences que nous devrons tous apprendre à maîtriser davantage ces prochains temps.
Apprendre à faire face aux situations difficiles
S’il est rendu plus complexe par la pandémie, le jeu RUMO n’en reste pas moins apprécié. La participante Chiara Lauber le souligne à juste titre: «Résoudre les épreuves au niveau virtuel uniquement a été particulièrement exigeant. L’interaction sociale avec les facilitateur-rice-s, les expert-e-s et les participant-e-s faisait également défaut, bien évidemment.»
Cependant, NOW a tiré le meilleur parti d’une situation difficile. En faisant preuve d’agilité et de capacité d’adaptation, il a été possible de maintenir ce projet exceptionnel. Malgré sa restructuration, ses objectifs n’ont pas changé.
RUMO aspire à aider les jeunes gens à acquérir des compétences qu’ils n’apprennent pas dans le cadre de leur formation. À cet égard, la composante hors ligne ou en ligne n’a guère d’importance. Il en va surtout des méthodes permettant de définir des objectifs, d’aborder les problèmes et les défis à l’aide de techniques contribuant à mieux les maîtriser. À reconnaître les possibilités garantissant le développement individuel. L’homme apprend le plus sur lui-même quand il doit faire face à des situations existentielles précaires. À l’instar d’une crise sanitaire mondiale.
Le projet a démontré l’exemplarité et la flexibilité dont ont fait preuve les organisateur-rice-s engagé-e-s et les jeunes adultes d’aujourd’hui face à une situation particulièrement difficile. Le jeu RUMO a pris fin le 10 avril 2020. NOW espère à présent que sa prochaine édition pourra à nouveau avoir lieu hors ligne, renforcé par le vécu et nourri de précieux enseignements pour les futurs projets.