Mercredi 19 avril 2023

Les musées sont en pleine évolution. Pour répondre à ce changement, le Musée de la Communication de Berne a développé, en partenariat avec l’institution de formation Inspirierbar, un concept d’échange d’égal à égal entre le public et les acteurs et actrices du musée. Celui-ci a donné lieu à la conception et à la formation de communicateurs et communicatrices: le personnel du département des expositions devient médiateur.


Cette formation s’est révélée très fructueuse et a fait parler d’elle dans le monde des musées. Le Deutsches Museum de Munich, entre autres, a souhaité bénéficier de ce concept. Ainsi est née la collaboration entre les différentes institutions et le projet de mobilité soutenu par Movetia entre 2020 et 2023. Plusieurs stages d’observation en Suisse et en Allemagne ainsi que les cours destinés au personnel du département des expositions ont donné lieu à des échanges enrichissants entre les participant-e-s et les institutions.

Comment le projet a-t-il vu le jour? 
Gallus Staubli: Après la mise en place du nouveau concept de médiation au Musée de la communication, d’autres musées qui se trouvent également dans une phase de transformation ont fait part de leur intérêt. C’est par exemple le cas du Deutsches Museum de Munich. Alors qu’ils se rendaient à une conférence à Genève, ils ont fait étape chez nous et nous ont demandé de les aider à former leurs communicateur-rice-s. C’est ainsi que tout a commencé. 

À quels défis avez-vous été confrontés?
Hanspeter Ott: De mon point de vue, c’est la pandémie, avec tous les reports qu’elle a impliqués, qui a constitué le plus grand défi.  Nous avons reporté certaines activités deux ou trois fois. Au moment de la réalisation du projet, quand il a été possible d’aller à Munich, des restrictions étaient en vigueur au musée. Certaines personnes ont éprouvé des difficultés à concrétiser leurs idées ou à appréhender le fonctionnement normal du musée. C’était vraiment un défi. 

Comment avez-vous motivé l’équipe du musée à participer au projet? 
Gallus Staubli: Il n’a fallu motiver personne. La question était plutôt de déterminer qui allait pouvoir participer. L’équipe était trop grande pour l’espace disponible. 
Nous avons donc défini quelques critères. Fondamentalement, on peut dire que, tant chez nous qu’au Deutsches Museum, la priorité a été donnée aux personnes qui n’ont pas l’occasion de partir en voyage d’affaires. C’est évidemment fantastique de pouvoir annoncer à son équipe: «Vous pouvez, vous aussi, aller à Munich pour suivre une formation continue!»
Tout le monde aurait aimé participer.

Quelles répercussions le projet a-t-il sur l’institution Inspirierbar?
Hanspeter Ott: Pour moi personnellement, il a été très précieux de pouvoir découvrir les coulisses d’institutions diverses. Par exemple, collaborer avec les partenaires du Deutsches Museum, qui est beaucoup plus grand et a une structure beaucoup plus hiérarchisée, ce qui engendre plus de bureaucratie et de restrictions, et comprendre ce qui y est nécessaire pour pouvoir faire bouger les lignes.
En ce qui concerne le développement de l’organisation, j’ai appris à me détacher de l’idée de comment les choses devraient être et à être ouvert à ce qu’on peut faire évoluer. Cela a eu comme conséquence le fait que nous proposons dorénavant nous-mêmes une formation continue de coaching.

Quelles répercussions le projet a-t-il sur le Musée de la Communication? 
Gallus Staubli: Je ne sais pas par où commencer. Le projet revêt une tout autre qualité que le simple fait de participer à une conférence et d’échanger de façon informelle avec des collègues.  Tous les échanges ont été très approfondis, à tous les niveaux. Nous avons beaucoup appris au sujet des autres institutions : leurs structures, leurs processus, leur compréhension de la direction, leur conception de la médiation. Nous nous sommes enrichis mutuellement.
Chaque communicateur-rice qui est revenu-e d’un stage d’observation en a retiré quelque chose, et cela a déclenché des changements chez nous. Nous avons également fait des stages d’observation en équipe, mon chef, un communicateur et moi, et nous avons eu des discussions interhiérarchiques très instructives qui ont été prises en compte dans l’institution.

Le stage d’observation des participant-e-s allemand-e-s en Suisse a été le plus grand moment de ma carrière!

Gallus Staubli

Quelle est la plus-value d'un projet de formation continue pour les musées?
Gallus Staubli: Un projet de formation continue comme celui-là renforce la motivation des collaborateur-rice-s. 
Les communicateur-rice-s ont découvert d’autres institutions, puis ils-elles sont revenu-e-s et ont apprécié les structures qui existent chez nous. C’est un très bel effet secondaire. Un tel projet confirme la pertinence de ce qui est déjà en place d’une part et apporte de nombreuses idées de développement d’autre part.
Je peux aussi motiver les autres musées grâce à Movetia: on attend des collaborateur-rice-s qu’ils-elles se forment, mais on doit leur permettre de le faire. Le budget alloué à la formation continue est plutôt chiche. Il est donc très utile qu’on puisse bénéficier d’un tel financement.
On rencontre, bien entendu, d’autres difficultés, comme le manque de temps ou l’existence d’autres priorités, des contrats de travail précaires ou des taux d’activité faibles. Mais, grâce à Movetia, on peut trouver des ressources financières, et cela représente naturellement une grande motivation. 
Nous n’aurions pas pu réaliser ce projet sans Movetia.  


Que recommanderiez-vous aux institutions qui souhaiteraient concevoir un projet de formation continue?
Hanspeter Ott 
-    Avoir un-e interlocuteur-rice bien défini-e dans chaque institution partenaire. Pour moi, cela a été très utile. Je savais toujours à qui je devais m’adresser et où je pouvais obtenir des réponses. 
-    Répartir clairement les tâches.  Par exemple, avec le Deutsches Museum, j’ai systématiquement fourni des informations sur l’aspect administratif, les évaluations et les rapports d’apprentissage aux personnes qui effectuaient un stage d’observation.
-    Prendre le temps nécessaire pour la coordination, l’administration et la gestion. 
-    Structurer clairement la documentation. Par exemple: à quel endroit classer les justificatifs?
-    Définir des objectifs pédagogiques et rédiger un rapport d’apprentissage. Pour la durabilité du projet, toujours donner un feed-back.

Gallus Staubli: J’ai beaucoup apprécié le fait de pouvoir compter sur Inspirierbar pour le travail administratif. Cela m’a fortement soulagé. J’ai pu me concentrer sur les retours de mon équipe en interne. 

Le mot de la fin!
Nous avons créé un bel événement: un soir, nous avons organisé une sorte de talk-show télévisé, il y a eu des interviews internes devant un public interne. Cette soirée restera gravée dans les mémoires.